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En 1950, le Rotolactor peut traire 250 vaches laitières en une heure

C’est en se replongeant dans les archives de la rédaction que l’on redécouvre la trace du fameux Rotolactor, un carrousel rotatif développé dès 1930 par la Borden Company et qui en 1950 atteint une cadence incroyable de 250 vaches traites par heure. 

Le Rotolactor est en quelque sorte la première invention permettant de traire un grand nombre de vaches à l’aide d’une plate-forme rotative. Il a été inventé par Henry W. Jeffers, un laitier américain et homme politique du Parti républicain qui installe le 13 novembre 1930 à Plainsboro (New Jersey) dans les Laboratoires Walker-Gordon ce qui ressemble à une sorte de grand disque rotatif dans laquelle les vaches entrent et sortent. Inauguré par Thomas Edison, le Rotolactor contenait 50 vaches et pouvait produire 26.000 litres de lait. Après que chaque vache ait reçu un bain, ses mamelles et ses flancs étaient nettoyés. Le numéro d’août 1931 de l’American Journal of Public Health and the Nation’s Health décrivait le Rotolactor comme une avancée en matière de propreté et d’hygiène pour la production de lait.

Le Rotolactor a été présenté à l’ Exposition universelle de New York en 1939 dans l’exposition Borden. La ferme Walker-Gordon à Plainsboro est devenue plus tard un musée. Le bâtiment agricole de Plainsboro contenant le Rotolactor disposait d’une salle d’observation pour accueillir les visiteurs, y compris de grands groupes d’écoliers. La ferme Walker-Gordon a cessé de produire des produits laitiers le 18 juin 1971.

En France au tournant des années 50, alors que les élevages comptent de 5 à 6 vaches en moyenne, cette invention paraît aussi farfelue que d’aller sur la Lune.

Elle est relatée dans l’excellente revue Science et Vie d’octobre 1950.


Traire une vache prenant dix minutes, on conçoit quelle économie de main-d’oeuvre entraine un appareil capable d’en traire 250 à l’heure. Son importance n’en permet l’emploi qu’à des exploitations comptant un très grand nombre de vaches laitières.

La nécessité de réduire la main-d’œuvre pour abaisser les prix de revient a conduit, en matière de production laitière, à la conception d’un vaste appareil grâce auquel quelques opérateurs suffisent pour traire 250 vaches à l’heure.

Le Rotolactor ressemble à un manège de grandes dimensions. C’est une plateforme tournante de 18 m de diamètre qui comporte, sur son périmètre extérieur, 50 compartiments dans lesquels les vaches viennent prendre place, faisant face au centre de la plaque tournante. Elles sont entrées par un corridor dans lequel elles ont été, au passage, nettoyées par un jet d’eau vaporisée, puis séchées par des couvertures stérilisées ; un spécialiste les a inspectées, un autre les a attachées devant une mangeoire, où une ration déterminée de nourriture descendra progressivement d’une trémie placée au-dessus. On assujettit à leurs pis l’appareil à traite automatique, préalablement désinfecté au moyen d’une solution de chlore, et… à la suivante. Pendant que la plateforme tourne, la traite a lieu et la vache mange. Au bout de dix minutes, la plate-forme a fait un tour. La vache revient à son point de départ. Là, opération inverse: on détache l’appareil, on sèche le pis avec une serviette stérilisée qui ne sert que pour un animal, on détache la bête et celle-ci, par une autre rampe, retourne d’où elle vient.

Le lait est pesé, son poids enregistré, puis, automatiquement, le liquide est transvasé dans un réservoir qui se trouve directement relié par une tuyauterie aérienne d’acier inoxydable à la laiterie de la ferme. Une autre tuyauterie, invisible celle-là, court sous les bat-flancs. Largement irriguée, elle entraîne vers une fosse tout l’engrais que les bêtes, au cours de leur passage, ont pu déposer sur les grilles à charnières spécialement ménagées à cet effet dans le plancher.

Cet engrais sera utilisé pour fertiliser les champs où l’on récoltera la nourriture du bétail, car, c’est un corollaire de la création du Rotolactor, la vache ne va plus au pâturage. Il ne servirait pas à grand-chose d’épargner de la main-d’œuvre sur la traite si on devait, d’autre part, mobiliser un nombreux personnel pour aller chercher au pré en temps voulu les différents troupeaux et les y reconduire ensuite. On y remédie en procédant toute l’année comme en hiver les vaches restent parquées à proximité du Rotolactor et on leur distribue sur place la nourriture qui pousse dans les pâturages transformés en champs.

Même en tenant compte des frais qu’impliquent cette culture, cette récolte et cette répartition de la nourriture aux bêtes qui, avant, broutaient sans qu’on la leur distribue une herbe qui poussait spontanément, la méthode basée sur l’emploi du Rotolactor permet de substantielles économies : sur la main-d’œuvre d’abord; sur les manipulations et transports du lait; sur la surveillance sanitaire des bêtes qui, revenant toujours au même point, sont sans peine passées en revue par un seul vétérinaire. Elle facilite, en outre, beaucoup le contrôle directorial: toutes les opérations et tout le bétail se trouvent centralisés sur une partie restreinte de l’entreprise. Le chef en personne voit tout, alors que, pour surveiller 2.000 bêtes éparpillées sur d’immenses pâturages, il lui fallait s’en remettre à plusieurs aides.

Il va de soi qu’un appareil de cette envergure est d’un aménagement très onéreux. Aussi, à l’heure actuelle, n’en connaît-on que trois au monde. Le plus ancien le prototype celui des établissements Walker-Gordon, à Plainsboro, New-Jersey, États-Unis. Créé en 1930, il trait 1.600 vaches trois fois par jour, ce qui représente vingt heures de fonctionnement ininterrompu. Le financement est assuré par les cotisations et redevances des fermiers qui y amènent leurs bêtes. Le plus récent Rotolactor, celui qui va entrer en service en Australie, est, au contraire, la propriété d’un seul élevage. Il est situé dans le domaine de Camden Park, Nouvelles Galles du Sud, exploité par une société qui possède 2.500 vaches, dont 1.500, en moyenne, donnent du lait en même temps. Naturellement cet appareil est le plus perfectionné. C’est celui que l’on voit sur notre couverture: l’installation est partiellement en contrebas, l’armature est d’acier et les parois, entièrement vitrées, permettent de voir du dehors toutes les opérations.

Ainsi, de même que l’hydroponique ou culture aquatique dans des bacs permet un contrôle absolu de la façon dont les plantes assimilent la nourriture qu’on a mêlée à l’eau où baignent leurs racines, de même l’industrie laitière, grâce au rationnement méthodique, devient une science exacte où le rendement de la nourriture absorbée peut être déterminé par rapport à la quantité de lait obtenue.

Voici une vidéo du Rotolactor installé en Australie:

De nos jours, le système « Roto » est toujours commercialisé, pour différents types d’animaux et s’offre souvent en alternative aux robots de traite. On estime qu’une personne peut traire un troupeau de 100 à 120 vaches en 1h15 avec un équipement de 24 postes en traite intérieure. Les plus grands Roto peuvent accueillir 80 vaches. ©Delaval

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